OM : André Ayew à la croisée des chemins
On dit de lui qu’il est l’âme de l’Olympique de Marseille. Le fils du légendaire Abedi Pelé, le dénommé André Ayew, mourrait pour son équipe s’il le fallait. Un joueur atypique, mais respecté par l’ensemble de ses partenaires. Personne n’est indispensable, ni irremplaçable dans une équipe de football, mais si l’on devait en choisir un, ce serait lui. Malgré tout, l’ailier gauche de l’OM est en fin de contrat en juin prochain, contrat qui ne sera vraisemblablement pas prolongé. Explications.
Un début de carrière plein de promesses
André Ayew, né il y a 25 ans dans le Nord alors que son père Abedi jouait au LOSC à l’époque, intègre le centre de formation de l’Olympique de Marseille en 2005 et signe son premier contrat professionnel en juin 2007, à seulement 18 ans. Alors que la majorité des joueurs de son âge doit encore parfaire leur formation, le fils d’Abedi Pelé montre une étonnante précocité. Lors de sa première saison en tant que professionnel, il est lancé par Eric Gerets, dans son premier match de Ligue des Champions, face au FC Porto où il montre une insouciance rare pour un jeune joueur dans un match à enjeu. Ensuite, il est prêté pendant deux saisons consécutives. Pour la saison 2008-2009, il est prêté sans option d’achat au FC Lorient (Ligue 1). Il y marque d’ailleurs ses trois premier buts en Ligue 1 en ayant grappillé de l’expérience (22 apparitions en championnat et 2 en Coupe). La saison suivante, Didier Deschamps lui indique qu’il ne compte pour le moment pas sur lui, il file en prêt, toujours sans option d’achat, à Arles-Avignon (Ligue 2). Se faisant une place de titulaire dans l’entrejeu, il est l’un des grands artisans de la montée du club arlésien en Ligue 1.
De retour à l’OM, il crève l’écran
L’OM récupère le ghanéen, entre temps devenu international, à l’aube de la saison 2010-2011. Les marseillais viennent d’être sacrés champions de France, et Deschamps pense que le Black Star est prêt à endosser un rôle de titulaire sur l’aile gauche de l’attaque phocéenne. L’actuel sélectionneur de l’équipe de France ne s’y trompe pas. André Ayew réalise une grande saison, c’est la raison pour laquelle il est nommé aux trophées UNFP 2011 dans la catégorie meilleur espoir de Ligue 1. Il est, par ailleurs, élu meilleur joueur de la saison par les supporters de l’OM sur le site officiel du club. La saison suivante, il continue d’améliorer son rendement, et ses statistiques : il réalise des prestations de haut niveau, particulièrement contre le Borussia Dortmund avec un doublé d’Ayew et une victoire 3 buts à 0 au Vélodrome. Mais sa fin de saison est compliquée pour son club de coeur (l’OM termine la saison à la 10e place), mais aussi pour lui. Handicapé pendant la deuxième partie de saison par une grave blessure à l’épaule, le valeureux ghanéen continue de jouer et d’aligner des prestations de qualité, et surnage dans un effectif en totale perdition. En fin de saison, Deschamps n’est plus entraîneur de l’OM, remplacé par Elie Baup.
Un nouveau André Ayew dans l’adversité
Le numéro 10 de l’OM prend alors une nouvelle dimension dans une équipe plus cohérente que la saison précédente. Bien évidemment, l’international ghanéen a toujours cette faculté à marquer des buts importants, en particulier de la tête, son point fort, malgré sa « petite » taille (1m76). Mais il se distingue surtout par une réelle détermination, un abattage défensif hors du commun pour un joueur à son poste (un profil qui plairait à José Mourinho ou Diego Simeone, à n’en pas douter) et une grinta qui le mue en exemple à suivre.
Définitivement indispensable sous l’ère Bielsa
Après une saison 2013-2014, où successivement Elie Baup et José Anigo sont débarqués, l’OM termine sixième et ne se qualifie pour aucune coupe d’Europe. L’entraîneur argentin Marcelo Bielsa débarque à l’OM en juin 2014. Vincent Labrune, le président du club, parle de « révolution culturelle et structurelle ». On ne peut lui donner tort. De retour après une Coupe du Monde au Brésil plutôt réussie sur un plan individuel (2 buts en 3 matchs) mais décevante collectivement, le Ghana étant éliminé dès les phases de poules, André Ayew a laissé passer sa déception et s’est fondu à merveille dans le collectif de Bielsa. En effet, le coach argentin apprécie particulièrement les attaquants qui effectuent un bon repli en phase défensive et se projette vite vers l’avant en phase offensive. Et ça, André Ayew le fait très bien, en alignant des prestations de haute volée sur son côté gauche et apportant plus de sécurité à un Benjamin Mendy, certes très entreprenant offensivement, mais oubliant parfois le repli défensif. Au sein d’un OM très offensif, Ayew est la pierre angulaire de l’équipe, l’homme qui permet de trouver un équilibre. Sans lui, et le club en a fait l’expérience au mois de janvier, les hommes de Bielsa ont beaucoup plus de mal à développer leur jeu. L’absence d’André Ayew, couplée à celle de Nicolas Nkoulou, a coïncidé avec la période creuse de l’OM version Bielsa. C’est la preuve qu’il est indubitablement essentiel à Marseille.
Un contrat arrivant à échéance en juin 2015. La fin de l’aventure ?
Au mois de juin prochain, André Ayew sera libre de tout contrat. Le joueur n’a jamais caché son affection toute particulière pour le championnat anglais (Liverpool notamment). Emargeant à plus de 300 000 euros mensuels sur la Canebière, le ghanéen aura du mal à négocier un salaire à la hausse, ou même un salaire équivalent, et ce, malgré ses bonnes performances et les services rendus au club. Dans le même temps, quand on lui demande s’il serait prêt à diminuer son salaire pour prolonger l’aventure olympienne, le principal intéressé répond « Non. Un joueur veut progresser dans tous les aspects ». Même s’il n’a jamais caché une volonté de s’inscrire à long terme avec le club phocéen, Ayew aurait attendu longtemps une proposition de prolongation de contrat de la part du président, mais celle-ci ne serait jamais venue sur la table. Néanmoins, l’ailier olympien a affirmé le mois dernier qu’il y « (aurait) bientôt une réunion (ndlr : pour discuter d’une prolongation de contrat) ». La réunion de la dernière chance pour garder le taulier de l’Olympique de Marseille ?