Mercato – Real Madrid : Maudit Benitez ?
Le Real Madrid n’effectue pas la préparation escomptée. Pire, alors qu’à Marseille on pleure le départ de Bielsa, à Madrid, certains ont déjà versé des litres de larmes suite à l’arrivée du technicien Espagnol. Incontestable valeur sûre il y a quelques années, Benitez a depuis souffert de passages en dents de scie dans divers des plus grands clubs européens. Un paradoxe toutefois, car l’homme n’est pas un amateur.
Il ne fait plus l’unanimité. A Madrid, il ne l’a jamais faite depuis sa nomination. Pire, Rafael Benitez est souvent la risée de ses collègues, entraîneurs ou joueurs. Une situation qui n’a pas effrayé la présidence du Real Madrid. Malgré les différentes saillies de Mourinho, ou encore Terry ces dernières années à l’encontre du nouvel entraîneur madrilène. John Terry, le titre de champion en poche, dira même de « coach Rafa » : «Une personne a dit que je ne pouvais pas jouer deux fois par semaine, Il se reconnaîtra. J’ai prouvé qu’il avait tort puisque je me bats toujours, je suis toujours dans l’équipe et je me sens super bien.»
L’Espagnol aura la lourde de tâche de conduire l’une des formations les plus prestigieuses au succès, après le mandat d’un Ancelotti sportivement convaincant, du moins pour sa première année. Voilà qui débute mal, car depuis 2 matchs déjà, soit 180 minutes (fait extrêmement rare !) le Real Madrid n’a plus marqué.
Le paradoxe Benitez, c’est une sorte de malédiction, qui veut que son palmarès n’ait rien à envier à personne, mais qu’on ne lui attribue jamais les mérites qui sont les siens. En tant que coach, Benitez aura connu le succès à diverses reprises. Deux Liga, une Ligue des Champions, deux « Ligue Europa ». Voilà qui est loin d’être mauvais bien que clairement en deçà des cadors du métier.
Le problème de Benitez est ailleurs. Grassouillet, réservé, il n’est jugé ces dernières années que par son aspect bonhomme et nonchalant. Si les doutes quant à sa capacité à gérer le Real Madrid sont fondés, car il n’est plus aussi impressionnant tactiquement qu’il a pu l’être, le coach ibérique pourrait surprendre son monde. On ne peut que mal l’imaginer cependant, car les dernières équipes qu’il a dirigées ne faisaient pas spécialement dans le beau jeu.
Quant au fond de jeu, lui, il fut souvent inexistant, notamment à Naples où son mandat aurait pu être couronné de davantage de succès, lui qui disposait d’une formation très compétitive pour la Serie A. C’est donc au cours d’une préparation décevante qu’il a décidé, hier, après la triste rencontre et le fort déplaisant 0-0 face à Valerenga, de parler mercato pour la première fois ou presque depuis son arrivée (propos recueillis par Footespagnol.fr ) :
« C’est un match amical mais l’équipe aurait pu marquer, il nous a manqué de la précision. Je ne suis pas à 100% satisfait, bien que l’on ait encore une marge de progression. La pressing et la récupération du ballon ont été positifs, tout comme le fait de s’être procurés des occasions.
L’attaque ? Nous devons penser au fait qu’il nous manquait des joueurs. Le joueur le plus important et celui qui marque le plus de buts pour cette équipe n’était pas là. Mais il y a tout de même des choses positives.
L’avenir de Marco Asensio ? Nous allons prendre le temps de nous asseoir pour prendre des décisions.
Bale a joué sur la gauche et au centre, il a eu de la liberté. C’est important.
Le mercato est toujours ouvert et encore plus pour une équipe comme le Real Madrid. Il le sera jusqu’au 31 août.
Coentrao ? Je compte sur tous les joueurs à ma disposition. Il va commencer à travailler avec le groupe la semaine prochaine. »
Des propos donc qui n’excluent pas l’arrivée de renforts pour un technicien qui, contrairement à Carlo Ancelotti lors de son arrivée, ne joue pas la carte de l’éloge à tout va. Cet effectif est certes monstrueux, si l’on met les individualités les unes à côté des autres, mais cela ne suffira pas à en refaire la splendide équipe observée en 2014. L’individu est patient, il est observateur, il est fin tacticien. Sans doute lui manque-t-il cette capacité de communication hors du commun, exigée des grands entraîneurs par le système médiatique.
Car si Benitez est un champion, il est maudit aux yeux de la planète football, et son crédit passe par des résultats immédiats. Pire, imminents. Son choix de rejoindre le Real Madrid est un risque considérable car s’il estime avoir atteint la maturité et être prêt pour le rôle, il n’aura pas à sa disposition un laps de temps fort conséquent. L’échec ne lui permettrait plus de se hisser dans un club qui joue le titre en Ligue des Champions. A sa décharge, et comme il le rappelle justement, ses meilleurs éléments offensifs étaient absents hier.
Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excuse un peu trop facilement. Les bookmakers donnaient le Real Madrid vainqueur à 94% de chances de victoire. C’était plus qu’une statistique, c’était de la logique.
La logique, ce dont manque à la fois la nomination de Benitez, étant données les circonstances, mais aussi son approche du mercato jusqu’ici : tout bonnement muet, Benitez ne rassure pas. Car même s’il s’exprime, il n’annonce rien. Attention, l’heure tourne. En cas de saison stratosphérique cependant, la surprise ne serait pas de petite taille.