Les clubs anglais en difficulté sur la scène européenne…
Pour de nombreux spécialistes du football, le championnat anglais est le championnat le plus spectaculaire au monde. Pour autant, les performances des clubs anglais sur la scène européenne ne sont pas au rendez-vous cette saison. Comment expliquer ces mauvais résultats ? On fait le point.
Lors de la phase de groupe de la Ligue des Champions version 2014-2015, quatre clubs anglais étaient engagés : Manchester City, Liverpool, Chelsea (directement qualifiés) et Arsenal (qualifié en battant Besiktas en barrages). A la fin des matches de poule, il n’en restait plus que trois. En effet, Liverpool, troisième de son groupe, avait été reversé en Ligue Europa. Pour les clubs qualifiés, il fallait désormais se frotter contre le « gratin européen ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que certains ont bénéficié d’un tirage a priori clément, un peu moins pour d’autres. Chelsea devait affronter, pour la deuxième année consécutive, le Paris Saint-Germain. Une confrontation jugée « facile » par le coach portugais des Blues, José Mourinho. Arsenal, deuxième de son groupe, était annoncé grand favori d’une future confrontation contre l’AS Monaco, où le coach des Gunners, Arsène Wenger, a officié en tant qu’entraîneur entre 1987 et 1994. Manchester City avait hérité d’un tirage beaucoup moins favorable, en piochant le FC Barcelone, déjà affronté la saison précédente au même stade de la compétition.
Chelsea, un gros coup sur la tête
Après un bon match nul au Parc des Princes (1-1), le coup parfait semblait évident du côté de Stamford Bridge. Les Londoniens sont finalement passés à la trappe (2-2 après prolongations) au terme d’un match en tout point héroïque du PSG, à dix contre onze pendant 90 minutes. Un vrai coup de tonnerre s’est abattu sur les bords de la Tamise. La presse anglaise, à l’image du journal The Mirror décrit une « soirée horrible » alors que The Sun affirme que « Chelsea a eu exactement ce qu’il méritait, c’est-à-dire rien ». José Mourinho n’est pas épargné non plus, loin de là. Il est même considéré outre-Manche comme l’unique responsable de la défaite. Pour Jason Burt, journaliste du Daily Telegraph présent à Stamford Bridge mercredi soir, The Special One a eu « tout faux ». Il faut dire que le match retour proposé par Chelsea est indigne de leur niveau. Indigne d’une équipe qui a remporté la Ligue des Champions en 2013. Les principes de jeu auxquels nous a habitué le technicien lusitanien, qui lui ont notamment permis de remporter la plus prestigieuse des compétitions européennes en 2004 avec FC Porto, ne suffisent plus. La magie n’opère plus. Ce manque criant d’ambition offensive leur a d’ailleurs couté la qualification pour la majorité des observateurs.
Arsenal et City mal engagés
Arsenal (défait 1-3 à l’Emirates Stadium) et Manchester City (battu 1-2 à l’Etihad Stadium) sont en ballotage défavorable à l’heure d’aborder leur match retour, la semaine prochaine.
Pour les Citizens, la défaite du match aller au City of Manchester Stadium semble, certes, logique face au rouleau compresseur barcelonais, mené par un trio offensif en grande forme ces dernières semaines, composé de Lionel Messi, Luis Suárez (auteur d’un doublé au match aller) et Neymar. Toujours est-il que la pilule a du mal à passer pour le coach argentin Manuel Pellegrini, « amer » d’avoir complètement déjoué en première mi-temps.
Les sites de paris en ligne ne donnaient pas cher de la peau des Monégasques, prédisant une victoire d’Arsenal à l’Emirates. Et pourtant, l’issue en a été toute autre : les hommes de Leonardo Jardim sont venus jouer les troubles-fêtes, en inscrivant pas moins de trois buts à l’extérieur. Trois buts qui pèsent déjà lourd dans l’optique du match retour. En conférence de presse d’après match, le manager alsacien Arsène Wenger a déploré son équipe en la jugeant « suicidaire défensivement ». Le Daily Telegraph est allé encore plus loin en décrivant une équipe « pitoyable, désorganisée ». Pourtant, le constat dressé à la vue de ce match est simple : Arsenal a pris ce match à la légère et pensait gagner avant même de jouer.
Le débat est donc lancé : les mauvaises performances des clubs anglais sur la scène européenne sont-elles dues à un problème mental ou de philosophie de jeu ?
Toujours la cote
Pourtant, le championnat d’Angleterre n’a jamais été aussi attractif. Pas plus tard que l’été dernier, de grands joueurs étrangers ont débarqué dans les plus grands clubs anglais : Alexis Sanchez (Arsenal), Diego Costa, Cesc Fabregas (Chelsea), Mario Balotelli (Liverpool), Eliaquim Mangala (Manchester City), Angel Di Maria, Radamel Falcao (Manchester United)… En ne citant qu’eux, le ton est donné. Des joueurs au grand talent traversent la Manche pour jouer dans un championnat passionnant, dans des stades à l’ambiance unique, sur des pelouses plus vertes que vertes. Des matches à haute intensité, riches en buts, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Toutes les conditions semblent réunies pour garantir une certaine compétitive sur la scène européenne. Manifestement, c’est insuffisant cette saison.
Des signes annonciateurs
Les performances en demi-teinte des clubs anglais en Ligue des Champions ne datent pas de cette saison. L’équipe coachée par Arsène Wenger n’a pas atteint la demi-finale de cette compétition depuis 2009, et leur parcours s’arrête en huitièmes de finale depuis. Manchester City atteint seulement la phase à élimination directe depuis la saison dernière, avant cela, l’équipe passait à la trappe dès la phase de poules, et ce malgré le rachat du club par un fonds d’investissement venu d’Abu Dhabi, en 2008. Depuis le départ de Sir Alex Ferguson (l’entraîneur emblématique de Manchester United) en 2013, le club n’est pas allé plus loin que les quarts de finale en 2014. A la fin de cette saison, United se classait septième de Premier League et ne décrochait pas de qualification en Ligue des Champions, pas même en Ligue Europa. Quant à l’équipe de Brendan Rodgers, son dernier fait d’armes remonte à 2008 avec une demi-finale (qui aurait menée à une finale 100% anglaise contre Manchester United) perdue contre… Chelsea. Chelsea remportait la Ligue des Champions en 2012 (avec Roberto Di Matteo) puis la Ligue Europa (avec José Mourinho) en 2013. Le « Boring Chelsea » est la dernière équipe anglaise titrée dans une compétition européenne, et pourtant, cela fait deux saisons consécutives qu’elle est logiquement éliminée : l’an dernier, en quarts de finale par l’Atlético Madrid (futur finaliste de l’épreuve) et mercredi soir par le PSG… Comme un symbole de la « chute » des clubs anglais en coupe d’Europe ?