Leonardo Jardim, un inconnu sur le Rocher
Transfuge du Sporting Clube de Portugal début juin 2014, Leonardo Jardim débarque sur le banc de l’AS Monaco, vice-champion de France en titre, en lieu et place de Claudio Ranieri, remercié par les dirigeants Monégasques. Si ce nom ne résonne pas forcément dans l’oreille du français moyen, au Portugal, celui-ci rime avec autorité, football offensif et surtout progression. Découverte.
Coupe du Monde oblige, la nouvelle ne fait pas forcément la Une et les gros titres des médias nationaux ou des magazines spécialisées dans le ballon rond. Mais c’est un fait, Leonardo Jardim prend officiellement la succession de Claudio Ranieri sur le banc monégasque. Le Portugais a paraphé un contrat de deux ans, plus une en option. Une interrogation peut être néanmoins soulevée… . Quelle est la logique des dirigeants monégasques, et plus particulièrement de son président russe Dmitri Rybolovlev, quand on sait que Ranieri, malgré d’excellents résultats sur le banc monégasque, a été remercié sous prétexte que celui-ci ne dispose pas d’une renommée suffisante pour entraîner sur le Rocher, est remplacé par un homme dont la réputation est à faire, puisque celui-ci dispose d’un palmarès aussi garni que le crâne d’un chauve (1 seul championnat de D2 portugaise, en 2010, avec Beira-Mar) ?
Une orientation vers le banc de touche dès son plus jeune âge
Puisque le nouvel entraîneur monégasque est un inconnu, apprenons à le découvrir. José Leonardo Nunes Alves Sousa Jardim voit le jour le 1er août 1974 à Barcelona, ville de près de 600000 habitants, au Vénézuela. De parents immigrés portugais, originaire de l’île de Madère, le jeune Leonardo fais ses gammes en premier lieu dans le handball, avant de se tourner définitivement vers le football. Dès sa jeunesse, Leonardo Jardim n’est pas vraiment comme les autres. Pendant que la plupart des enfants de son âge veulent devenir joueur de football professionnel, lui veut se tourner vers le métier d’entraîneur. Après des études en Éducation Physique à l’Université de Madère, Jardim prend alors le taureau par les cornes et passe ses diplômes d’entraîneur à seulement 24 ans. Diplôme qu’il obtient avec succès, cela va sans dire.
Il démarre sa carrière en 2001 sur l’île d’origine de ses parents, puisqu’a 27 ans, il devient l’entraîneur-adjoint de l’équipe de Camacha (D3 portugaise). Deux saisons plus tard, il prend les rênes en tant qu’entraîneur principal. Il restera durant 5 saisons à la tête de l’équipe première. Ayant besoin d’un nouveau souffle, Jardim s’engage en 2008 avec l’équipe de Chaves, qui évolue également en D3 portugaise. Il connaîtra ses premieres émotions en tant qu’entraîneur puisqu’il obtiendra la promotion en deuxième division portugaise dès sa première (et seule année) à la tête du club du président Marcelo Delgado. Comme Jardim est un précoce, il obtiendra une nouvelle montée dès son arrivée, cette fois-ci sur le banc de Beira-Mar, la saison suivante. Cette montée est ponctuée d’un titre de Liga Vitalis (équivalent de la D2 portugaise), le seul qu’obtiendra le Portugais jusqu’à présent. Les joutes de la Liga Sagres (D1 portugaise) auront malheureusement raison de la jeunesse et du manque d’expérience de l’entraîneur, puisque celui-ci démissionnera à la suite des mauvais résultats de son équipe, qui parviendra malgré tout à se maintenir.
L’irrésistible ascension d’un novice
Leonardo Jardim, alors âgé de 37 printemps, prend une nouvelle dimension, en s’engageant avec le SC Braga, récent finaliste de la Ligue Europa (défaite 1-0 face au FC Porto), à l’orée de la saison 2011/2012. Il emmènera son équipe jusqu’à la 3ème place en championnat, deuxième meilleure performance dans l’histoire du club. Malgré la superbe saison que viennent de réaliser les Minhotos, les rapports conflictuels avec l’homme fort du club, Joseph Salvador, pousseront Jardim à démissionner. L’heure est peut-être venue pour le Portugais de s’exiler, et celui-ci trouve refuge à l’Olympiakos Le Pirée, club phare du championnat grec. Sa carrière prend alors de l’ampleur, puisque les résultats demeurent excellents (Jardim ne connaîtra pas la défaite en Grèce). Cependant, le technicien est remercié par les dirigeants du club, malgré la grosse avance sur son dauphin (10 points au moment de son licenciement). La presse laisse alors planer le doute sur une supposée liaison amoureuse entre le Portugais et la femme du président du club Evangelos Marinakis. Néanmoins, peu de chances qu’un scandale similaire à celui vécu en Grèce par le néo-monégasque éclate en France, le président russe vient à peine de divorcer.
Retour au Portugal en 2013, et pas n’importe où, puisque Jardim rejoint le club de son cœur, le Sporting Clube de Portugal (D1 portugaise), pour une durée de 2 ans. Le club lisboète sort d’une saison 2012/2013 dégueulasse, puisque celui-ci pointait à la 7ème place du championnat, indigne de son rang (18 titres nationaux). Il connaît également de graves problèmes financiers. Le Portugais dispose d’un effectif très jeune (seul 1 joueur dépassait la barre des 30 ans) à son arrivée. Cela ne l’empêchera pas de redorer le blason du club dès son arrivée en terminant à la 2ème place et en qualifiant son club pour la prochaine Ligue des Champions, compétition qu’il découvrira sous les couleurs rouges et blanches de l’AS Monaco, dauphin du championnat de France, qui ne s’est pas fait attendre pour le débaucher. Une clause de 3 millions d’€ a été nécessaire pour laisser filer celui qui laisse encore sceptique l’entourage du club monégasque.
Une adaptation facile ou/et facilitée ?
Adepte d’un football offensif, Leonardo Jardim devra malgré tout s’adapter au football français, qui se veut plus physique et rugueux que le championnat portugais, porté davantage sur la finesse et la technique. D’un naturel discret, l’entraîneur portugais est réputé pour être un meneur d’homme autoritaire, mais qui sait également être à l’écoute de ses joueurs. Fin analyseur, il est également reconnu pour le travail de forcené qu’il a accompli dans les nombreux clubs où il est passé. Son sens tactique sera fortement mis à contribution, lui qui aime évoluer avec deux ailiers, et un milieu porté vers l’avant, en soutien d’un seul attaquant de pointe. Pour se faciliter la tâche, Jardim pourrait emmener dans ses valises quelques cracks de sa dernière épopée à Lisbonne. William Carvalho, jeune milieu de terrain portugais (2 sélections) de 22 ans, et considéré comme un futur crack du football européen, et Marcos Rojo, défenseur et international argentin (19 sélections) âgé de 20 ans, sont annoncés sur le Rocher durant le mercato estival. Le premier nommé sera sans doute le plus difficile à acquérir pour le président Rybolovlev, puisqu’une première offre de près de 30 millions d’€ a été refusée par les dirigeants portugais. Après l’été colombien de 2013 (pour preuve l’arrivée de James Rodriguez et Falcao), l’été 2014 de l’AS Monaco sera sans aucun doute rythmée par le fado portugais.