Lazio Rome, politiquement incorrecte
Nous sommes en mai 2013. Les azzurri, alors entraînés par Vladimir Petkovic, remportent la Coupe d’Italie (1-0) dans l’éternel derby romain. A ce moment là, l’équipe affiche un visage sérieux et intransigeant.
Apparaît même dans son regard céleste l’ambition nourrie du compétiteur. Légitime de penser que le club franchirait un cap. Et pourtant…
Entre blessures, méformes et choix discutables
Une lourde pierre attachée aux pattes d’un aigle l’empêche de décoller. Oui, la Lazio peut aisément s’attribuer cette métaphore. La pierre est représentative de son histoire. Son passé, qui subsiste encore dans le présent, est dit fasciste, nazi et raciste. Des mots violents au XXIème siècle. L’aigle, lui, est un des symboles, sujet à la controverse, qui incarne l’entité laziale. Alors, le deuxième club de Rome est-il politique ? Ses valeurs sont-elles d’extrême droite ? Chacun se fait sa propre opinion. Toutefois, on est forcé de constater qu’il peine à grandir, et que son image négative freine sa progression.
Un script bien écrit n’est pas gage de box-office, surtout si le casting joue mal et que l’acteur principal compte peu d’apparitions. L’été dernier, Hernanes a (encore) voulu faire ses valises pour un club plus huppé. Sauf que Lotito, le président, a (encore) mis son véto. Du coup, le brésilien démarre la saison en méforme et c’est tout le vestiaire qu’il contamine. Les recrues estivales Biglia, Perea et Anderson se prennent les pieds dans le tapis, comme poussées sur la scène sans piliers pour leur souffler le texte. Seul l’ancien catalan Baldé Keita impressionne la critique. Cela dit, ce n’est pas suffisant. L’empilement de blessures empêche Petkovic d’aligner un onze de départ régulier, et forcément, les désillusions s’enchaînent. A tel point que « Vlad » donne son accord début janvier pour coacher la sélection suisse après la Coupe du Monde. Lotito se vexe et licencie le bosnien dans la foulée, oubliant cette belle 4ème place décrochée à l’issue de la saison 2011/2012.
« Eddy Reja retourne aux affaires ! », publient les journaux sportifs transalpins il y a quelques jours. Reja, c’est un homme qui a déjà pris les commandes du club, entre février 2010 et mai 2012. Reja, c’est aussi une vingtaine de clubs nationaux entraînés, et dans lesquels il n’est, en moyenne, jamais resté plus d’un an. Question stabilité, il y a mieux. Question expérience, il y a pire.
Mais expérience de quoi au juste? Celle-ci se définie-t-elle par une longévité ? Ou dans des compétences et un savoir-faire ?
Si la problématique est première, oui, ce monsieur est bien vieux avec ses 68 bougies. Félicitations. Si c’est la deuxième, sachez qu’il n’a jamais rien gagné au-delà de la D2 italienne. Condoléances.
Un racisme banalisé
Clairement, ce retour est un choix par défaut. Le club traîne comme un boulet sa réputation et les préjugés qu’il s’est lui-même attiré. Di Canio s’appropriait différemment les initiales S.S. de S.S. Lazio par exemple. Ce n’est pas un hasard si les grands footballeurs et les entraîneurs de renom demeurent réticents à l’idée de venir ici. Si rien n’est fait pour endiguer radicalement ce fond de pensée collectif, le dernier scudetti, 14 ans, pourrait ne jamais rajeunir.
A l’heure où la France s’indigne du titre du quotidien 20 minutes ou de son humoriste Dieudonné, l’Italie continue de banaliser les cris de singe en distribuant des montants d’amendes dérisoires. Pogba, Ogbonna et Asamoah, pris à parti par des pseudo- supporters le 18 août dernier, auront sûrement encore à subir la bêtise d’une partie du public ce soir.
Coup d’envoi de Lazio – Juventus ce samedi 20h45 au Stadio Olimpico.