L’Atlético comme trouble fête ?
Avec l’Atlético Madrid qui joue les troubles-fêtes dans le championnat espagnol et la Ligue des Champions, c’est un club qui n’était pas loin de la fin il y a dix ans en arrière, qui revient au premier plan.
Débutons par l’année 1992, le président de l’Atlético Jesus Gil, en poste depuis 1987, ferme l’acamédie pour les jeunes talents du club. Petite anecdote, après cette fermeture, un jeune joueur de 15 ans, Raul, se trouve dans l’obligation de rejoindre l’acamédie du club local rival, avec le succès que l’on connaît. La tactique de Gil était simple, avec chaque gros achat devait suivre un gros succès. Mais cela ne fut pas le cas, mis à part un succès en Coupe d’Espagne. L’excentrique président, qui dirigeait comme dans une dictature son club, avait utilisé un entraîneur après l’autre. Jusqu’en 1995, lors de la venue du serbe Radomir Antic. Dès la première saison avec le coach serbe, l’Atlético réalise le doublé avec des joueurs comme Luboslav Penev, Diego Simeone et Kiko. Le club semble être enfin sur la voie du succès, mais c’est le début de la descente des Colchoneros.
La descente des Colchoneros
Gil continue à investir des millions dans le club, sans plus de succès. Malgré la venue de stars comme Christian Vieri et Juninho, l’Atlético ne connaît plus une année comme celle de 1996, ce qui signifie pour l’entraîneur serbe Antic la fin de son contrat en 1998. À nouveau, le club connaît une valse d’entraîneur et le club descend toujours plus. Antic sera même rappellé par deux fois pour des opérations de sauvetage du club. C’est Claudio Ranieri qui accompagne le club pour sa descente en deuxième ligue. La suspension de Gil et du comité de direction pour soupçon d’abus de biens n’arrange pas les affaires du club. C’est seulement en 2002, que l’Atlético remonte en première ligue espagnole après avoir évité même une descente en 3ème division. Bien que le club commence à nouveau à investir dans de nouveaux joueurs, c’est seulement avec Quique Flores en 2009 que le club gagne à nouveau. Le club espagnol remporte pour la première fois la Ligue Europa face à Fulham 2-1 après prolongations. Flores doit cependant quitter l’Atlético après une saison 2011 décevante. Gregorio Manzano le remplace, mais est prié rapidement de partir à son tour. Le club décide de se tourner vers un ancien joueur du club, l’argentin Diego Simeone, qui réussit à satisfaire les exigences du club. L’Atlético remporte à nouveau la Ligue Europa et la Supercup européenne, en 2013 la Coupe espagnole contre le rival local le Real Madrid. Quelles sont les raisons de ce succès?
Une discipline tactique
Simeone attache beaucoup d’importance à une grande discipline tactique avec un secteur défensif primordial. Son 4-4-2 permet à ses joueurs d’avoir du champ dans le jeu et de contrôler leur secteur. L’équipe est tellement flexible, que le coach a la possibilité de modifier à chaque instant sa tactique si nécessaire. Difficile à gérer pour les adversaires.
Un recrutement différent
Le mode de recrutement a changé, le club ne recrute plus de stars hors de prix, mais plutôt des joueurs internationaux de grandes classes. Dans les deux années de transfert sous Simeone, le club réalise un bénéfice sur les transferts de 60 M€ avec pourtant un recrutement solide de l’Atlético. David Villa est transféré de Barcelone pour 2,1 M€ (plus 3 M€ de bonus). L’équipe de base joue ensemble depuis quelques années. Filipe Luis, le défenseur de l’Atlético est une clef de la réussite actuelle du club. « L’équipe est à peu près la même depuis trois années. Le club a voulu garder la base des années passées, et c’est réussi, nous nous connaissons bien. » Désormais on garde un oeil très attentif sur les jeunes talents de l’acamédie, à nouveau ouverte. Les jeunes talents sont intégrés dans l’équipe principale ou prêtés pour acquérir de l’expérience dans d’autres clubs. Une des jeunes pétites de l’Atlético, Oliver Torres, est suivi à 17 ans par le Bayern Munich, et a dans son contrat déjà une clause libératoire de 24 M€.
Consolider les finances
Des dettes du club pèsent toujours encore sur les finances. Désormais, crise oblige, le ministère des finances espagnols ne ferme plus les yeux sur les dettes des clubs de football et les oblige à régulariser les dettes liées aux impôts. L’Atlético avait une dette totale de 210 M€, que le club devra régler jusqu’en 2017. Avant le début de saison, le club a annoncé officiellement avoir payé plus de la moitié de la dette. Se consolider financièrement passerait aussi par un déménagement de stade. En 2007, l’Atlético avait signé avec la ville de Madrid une autorisation pour la destruction du vieux stade Arena Vicente Calderon où sera construit des immeubles. En contre partie, le club déménage dans le stade olympique qui a été construit, même si Madrid n’a pas organisé les Jeux Olympiques. L’Atlético assure 200 M€ des frais pour le stade où les Colchorenos pourront jouer dès 2014. Naturellement c’est une somme importante, mais avec ce stade de 70000 personnes au lieu des 55000 de Vicente Calderon, le club aura l’un des stades les plus modernes du pays, ce qui génèrera une rentrée d’argent supplémentaire. De la réussite de ce stade dépendra certainement aussi l’avenir de l’Atlético Madrid, s’il désire conserver la place de numéro 3 en Espagne à longue échéance. L’Atlético Madrid de cette saison rappelle énormément le Borussia Dortmund de la saison dernière, une équipe que toutes les autres équipes redoutent de devoir jouer et qui trouve une tactique pour tous les adversaires. Et si l’on regarde le début de saison du club espagnol, tous les espoirs sont permis! L’évolution du club cette année sera certainement très intéressante à suivre.