La prise de conscience de Bielsa
Il y a encore quelques semaines, l’Olympique de Marseille enchaînait les contre-performances contre des équipes que l’on pouvait croire à la portée des marseillais.
Les Olympiens ont eu un mois de février très difficile, cumulant seulement trois points sur douze possibles. Les joueurs avaient du mal à finir leurs matchs, concédant à domicile, contre le Stade de Reims, le but de l’égalisation à la 90ème minute. Le même scénario se produisait la journée suivante contre l’AS Saint-Étienne, avec une égalisation d’Erding dans le temps additionnel. Les joueurs de Marcelo Bielsa s’étaient ensuite écroulés au Vélodrome après avoir mené par 2 buts d’écart contre Caen. La meilleure équipe en 2015 avait su revenir dans la partie pour ensuite réaliser l’exploit de l’année en allant chercher les trois points à trois minutes de la fin du temps réglementaire, grâce à une frappe de Benezet en pleine lucarne. « El Loco » a alors été pris pour cible par les différents médias, pointant du doigt la méthode du tacticien argentin. Bielsa a très vite assumé ses responsabilités en prenant bien soin de ne jamais incriminer ses joueurs en conférence de presse, estimant qu’il est le seul maître à bord et que ses joueurs n’ont fait que respecter ses consignes.
La méthode Bielsa : un épuisement logique ?
Le schéma tactique de Marcelo Bielsa force les joueurs à beaucoup se dépenser sur le terrain, mais encore faut-il savoir gérer ses efforts pour ne pas lâcher le match trop tôt. Au mois de février, l’OM a su être séduisant sans pour autant gagner un seul match. On voyait les joueurs fatigués et surtout déçus de ne pas satisfaire leurs supporters. Et pourtant, les joueurs couraient beaucoup, faisaient preuve d’engagement et d’envie, mais étaient trop souvent mis en danger par des contre-attaques. adverses et se faisaient finalement surprendre, malheureusement pour eux.
Comment expliquer ces déséquilibres qu’ont connus les marseillais le mois dernier ?
Tout d’abord, une dramatique blessure a terni l’horizon olympien : celle de Nicolas N’Koulou, pendant la Coupe d’Afrique des Nations. N’Koulou étant le patron de la défense olympienne, celle-ci s’est vite retrouvée sans repères pendant son absence. Et ce, malgré les très bonnes prestations de Jérémy Morel dans l’axe.
À ceci se sont ajoutés des errements défensifs et un pressing marseillais trop irrégulier et inefficace. Ce pressing inefficace, causé par des sprints mal maîtrisés, soumet les organismes à rude épreuve, à l’image d’un Gignac et ses courses latérales épuisantes. Mais l’entraîneur marseillais a plus d’un tour dans son sac et n’est pas aussi têtu qu’il ne laisse l’entendre. Il a donc, dès le début du mois de mars, beaucoup travaillé avec ses joueurs sur l’aspect technique des courses afin de gagner en efficacité à la récupération du ballon. Marcelo Bielsa a aussi fait des choix forts pour le déplacement à Toulouse, en titularisant Michy Batshuayi pour une deuxième fois consécutive, qui s’était montré fantomatique après son penalty manqué à la deuxième minute de jeu contre Caen. Choix payant car celui-ci s’est illustré en inscrivant un doublé en première mi-temps, contribuant ainsi largement à la victoire de l’OM 6 buts à 1 au Stadium. En plus de ce festival de buts, Marseille n’a cessé d’apporter un surnombre en attaque, laissant certes des espaces aux Toulousains, mais a retrouvé la solidarité, omniprésente lors de la première partie de saison.
Dominer n’est pas gagner, les marseillais en ont fait les frais
L’OM s’est ensuite frotté au leader lyonnais au Stade Vélodrome, avec la ferme intention de gagner ce match, et ainsi de revenir à un point de l’OL. Par la même occasion, les Phocéens auraient profité de la défaite du Paris Saint-Germain au stade Chaban-Delmas et seraient revenus à la hauteur des franciliens.
Une solidité défensive et un collectif retrouvés, et un but injustement refusé : tous ces éléments ont fait oublier la présence des lyonnais sur le terrain. Les lyonnais ont été éclipsés par la grosse débauche d’énergie marseillaise et ont vite compris qu’ils seraient dans l’incapacité de remporter cet Olympico. Comme l’a déclaré Henri Bedimo au micro de nos confrères de Canal + « quand on ne peut pas gagner un match, il faut savoir ne pas le perdre ». Et c’est ce qu’ils ont réussi à faire, en ramenant « miraculeusement » un point du Vélodrome (0-0). L’OM, dimanche soir, a montré qu’il pouvait acculer son adversaire sur tout un match, et ce, même contre un gros du championnat. L’OM continuera-t-il sur sa lancée à l’aube du sprint final ? Si tel est le cas, les observateurs, qui avaient enterré les marseillais de la course au titre, risqueraient de revoir leurs papiers.