Il y a 30 ans naissait la légende de Séville
Il y a 30 ans jour pour jour, le 8 juillet 1982, se jouait la demi-finale de la Coupe du monde entre la France et la RFA. Cette confrontation soldée par la victoire allemande aux tirs de but (5-4) est restée dans les annales du football moderne.
Les deux équipes affichent des styles de jeu presque diamétralement opposés. La France, malgré son entrée ratée face à l’Angleterre( Défaite 3-1), arrive en pleine confiance et possède l’un des jeux les plus séduisants de la compétition alliant technique et créativité. Michel Platini, qui vient juste de signer avec la Juventus, est le chef d’orchestre de cette machine offensive, surnommée Le Carré Magique (Platini, Giresse, Tigana, Genghini). Les hommes de Michel Higaldo partent favoris après leur montée en puissance face au Koweit (3-1), puis l’Autriche et l’Iralnde du Nord.
Le parcours allemand est également mitigé. La qualification de la Mannshaft et de l’Autriche (l’autre équipe du groupe) a suscité une vive polémique, les deux équipes étant accusées d’avoir passé un accord secret pour se qualifier en vue du second tour du tournoi au détriment de l’Algérie. Le Match de la Honte, terme employé par les journalistes, incite la FIFA à modifier les heures de matchs de poule. L’Allemagne n’en est pas moins une équipe redoutable compensant la pauvreté de ses qualités techniques par sa rigueur tactique combinée au réalisme froid de ses attaquants.
La premier mi-temps semble être équilibrée. Les Allemands se montrent offensifs face à des Français timorés voire complexés. Le comportement passif des Tricolores est logiquement sanctionné par l’ouverture du score à la 17ème minute par l’Allemand Pierre Littbarski. Piqués au vif les Français reviennent progressivement dans le match. Le pressing exercé sur la défense allemande s’avère payant. L’arbitre néerlandais Charles Bover accorde un penalty aux Bleus suite à une faute de Bernhardt Forster sur Dominique Rocheteau dans les 16 mètres. Le capitaine tricolore transforme avec brio le penalty et égalise d’une frappe puissante tirée à ras de terre, comme à son habitude (27e). 1-1.
La deuxième période est marquée par une outrageuse domination française. Les Bleus marquent même à marquer grâce à Rocheteau mais le but est refusé pour une faute peu évidente sur Bernd Förster. Les Allemands multiplient les fautes obligeant Michel Hidalgo, le sélectionneur français à faire sortir Bernard Genghini blessé. Patrick Buisson le remplace et apporte un surplus offensif. Le Stéphanois va se signaler à nouveau…. malgré lui. Sur une nouvelle action initiée par Platini, Battiston se lance vers la cage allemande mais il est brutalement stoppé par le gardien Harald « Toni » Schumacher, celui-ci n’hésitant pas à tamponner le Français. Malgré cette charge violente (Battiston restant inconscient au sol avant d’être ramené par le staff médical tricolore), l’arbitre Charles Carver reste impassible n’accordant même pas un coup-franc aux joueurs français. Cette décision provoque l’incompréhension et la colère des supporteurs tricolores amplifiée par l’attitude provocatrice du gardien allemand. Les Français révoltés par cette injustice, continue de dominer leur adversaire sans toutefois parvenir à concrétiser leurs percées offensives. La prolongation apparaît inévitable….
Elle débute dans la continuité de la seconde période avec des Français maîtrisant une nouvelle fois la possession de balle. Et c’est le défenseur Marius Trésor qui va s’illustrer dans la surface de réparation allemande avec une superbe reprise de volée (93ème minute) qui donne l’avantage aux siens (2-1). Alain Giresse trompe à son tour Schumacher d’une balle frappant le poteau avant de rentrer dans la cage (98ème). La France se dirigent vers leur première finale de son histoire mais c’est sans compter le mental d’acier légendaire des Allemands symbolisé par l’incontournable Karl-Heinz Rummenigge. Suite à une faute non sifflée de Forster sur Giresse, les Allemands lancent une contre-attaque éclair qui se conclut par une reprise d’un revers du pied gauche de l’attaquant munichois devant la cage de Jean-Luc Ettori. La réduction du score reprend espoir aux Allemands qui arrachent l’égalisation grâce à Fischer, auteur d’un superbe retourné acrobatique. La séance des tirs au but approche une première dans l’histoire de la Coupe du monde de football.
Alain Giresse est le premier tireur côté français. Le Bordelais transforme aisément le penalty. La capitaine allemand Manfred Kaltz répond au Français quelques instants plus tard. Après les tirs réussis successivement par Manuel Amoros, Paul Breitner et Dominique Rocheteau, Ulrich Stielike se présente face à Ettori mais rate son duel. Les Français ont alors une occasion de creuser l’écart mais Didier Six échoue face à Schumacher. La partie est relancée. Après Platini et Rummenigge, c’est au tour de Maxime Bossis, auteur d’une excellente prestation à son poste de latéral droit de s’élancer. Mais le Tricolore voit sa frappe repoussée par Schumacher. Le balle du match est du côté allemand.Horst Hrubesch se charge de transformer en victoire, envoyant la Mannschaft en finale.
Le match France/RFA fait partie du panthéon footballistique français. La demi-finale de Séville a été vécue comme une injustice par les supporteurs français tant le jeu fluide et créatif des Bleus laissait entrevoir une qualification et donc la possibilité de décrocher le titre suprême. Une confrontation de rêve dont le dénouement aura été tragique. Les Français ont dominé mais sont tombés sur l’efficacité redoutable des Allemands. Le constat est en parfaite adéquation avec la célèbre phrase prononcée par l’attaquant Gary Lineker quelques années plus tard ; Le football est un jeu simple : 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent. » La France ne s’en remettra jamais s’inclinant 3-2 contre la Pologne pour la 3ème place. L’Allemagne chute en finale face aux Italiens de Paolo Rossi (3-1). Le scénario et les polémiques engendrés durant le match sont restés dans les mémoires des supporteurs français et allemands. La légende de Séville est née…