Home À la Une Edito – L’Atletico Madrid attendu au tournant

Du 1er Juin au 3 Juillet, Europafoot vous propose un condensé d’informations concernant les meilleures équipes des principaux championnats. Cette semaine, revenons sur la saison des 5 premiers de la Liga. Troisième épisode aujourd’hui, avec un retour sur la saison de l’Atletico Madrid, qui complète le podium.

 

La saison passée, le formidable Atletico de Diego Simeone surprenait tout le monde. Par sa hargne de tous les instincts, premièrement, mais aussi par son parcours sportif. Si les colchoneros se montré combatifs, ils n’en ont pas oublié pour autant de jouer au football, révélant une qualité technique que l’on ne soupçonnait pas. Résultat ? Un championnat gagné au nez et à la barbe des géants espagnols que sont Real Madrid et FC Barcelone. Autre fait d’arme exceptionnel, cette finale de Ligue des Champions, stade auquel s’étaient hissés les rojiblancos afin d’y affronter le rival éternel du Real. Une défaite cruelle, engendrée par un revers total, à la 93ème minute, sur ce désormais coup de tronche de Sergio Ramos. Le match se terminera avec un humiliant 4-1 en faveur des merengue. Ce qui ne reflète que trop peu les mérites d’une formation semblant jusque là dominer la rencontre.

Le Real n’aura pas oublié de briser les rêves européens de son rival, éliminant les matelassiers cette saison également au stade des quarts. Toutefois, la chose ressemble moins à un hold-up. L’hégémonie des deux cadors a su se remettre en place cette saison, laissant l’Atletico dominer « son » championnat. Le coach de l’AS Roma, déclarait il y a quelques semaines avoir gagné « son » championnat, celui pour la deuxième place. Au final, l’Atletico se réjouira peut-être d’avoir réalisé pareille performance et de n’être derrière que d’une place. Mais cela ne correspond pas à l’équipe que nous avons vue l’année passée. Celle-là rivalisait, ne se laissait jamais faire et garantissait du spectacle tant dans les duels que dans les phases de possession. Départs obligent, cette formation a légèrement baissé de pied. Légèrement, toutefois, car il n’est pas anodin de terminer sur le podium une nouvelle fois.

Coutumiers des finales d’Europa League durant de nombreuses saisons, l’Atletico a incontestablement, ces trois dernières saisons, franchi un cap. Disputant chaque saison la Ligue des Champions, et pas pour y faire de la figuration, les colchoneros sont devenus une valeur sûre du paysage européen. Une trajectoire que pourrait connaître une autre formation de Liga, qui rappelle cet Atletico lorsqu’il était plus jeune  : le FC Seville.

Des parcours forgés au fil des saisons, un travail de continuité pas toujours perceptible dans la façon, mais irréfutable une fois constatés les résultats : ces équipes savent se préparer psychologiquement. C’est en cela que cette dernière saison madrilène est un réel avertissement. Cette propension à la réaction, qui est loin de s’être évanouie, s’est avérée être moins aiguisée que la saison passée. Ainsi, alors que nous pouvons évoquer les parcours de nombreuses équipes en parlant de phases, de périodes, durant lesquelles les résultats sont soit bons, soit mauvais, il est difficile d’en faire de même avec cet Atletico. Une équipe capable de disposer du vainqueur d’Europa league, le FC Seville, 4-0. De battre dans la foulée de le futur finaliste de Ligue des Champions 1-0 à domicile, puis de sombrer à Mestalla contre Valence la semaine suivante (3-1). Une équipe qui aura su enchaîner quelques succès, mais jamais à hauteur de 8, 10 ou 20 matchs consécutifs. Un effectif qui sera, tant qu’il conservera cet état d’esprit, une épine colossale dans le pied des géants européens et espagnols que nous connaissons bien. Mais toutefois ne pourra pas espérer exercer une quelconque hégémonie sur le football européen. Un déficit de talent, de maniement du ballon, qui à défaut de faire des colchoneros des peintres, n’en font certainement pas des esthètes.

Certes, Griezmann, Arda Turan, Koke… Le niveau est techniquement élevé aux postes où cela est devenu un critère essentiel, mais ne peut être comparé à ceux d’effectifs doublant les postes avec la même qualité. Une profondeur de banc laissant à désirer, empêchant ce cru 2015 de s’exprimer avec autant de fougue et de ténacité que lors de la saison précédente, par exemple. Donnant naissance à diverses séries de matchs nuls, laissant transparaître parfois que la tâche était trop dure. Les colchoneros n’ont pas pu réediter leur exceptionnelle saison 2014 sur le plan athlétique. Attention toutefois à l’éventuel retour en force la saison prochaine !

 

Quelques dates dans la saison de L’Atletico Madrid :

– 24 / 09 / 2014 – 27 / 09 / 2014 : l’équipe se défait tour à tour du FC Séville et de la Juventus, auteurs de parcours retentissants cette saison. Ce qui vient ensuite est révélateur de cette saison pour les colchoneros.
– 01 / 10 / 2014 : défaite 3-1 à l’extérieur face au FC Valence, et une belle série qui s’achève. Atletico petit bras ?
– 11 / 01 / 2015 : autre défaite 3-1, cette fois au Nou Camp face au FC Barcelone. Un revers qui sert à illustrer à la fois l’incapacité de cet effectif à surmonter les obstacles s’ils se présentent au pire moment.
– 07 / 02 / 2015 : A contrario, si les circonstances ne sont pas trop oppressantes, les matelassiers sont capables de plier le Real Madrid en position magasin 4-0 chez eux, au Calderon. Et de perdre 2-0 contre le Celta Vigo la semaine suivante. Continuité…

Le buteur Croate Mario Mandzukic ne devrait pas prolonger son aventure à Madrid, malgré une copie correcte cette saison. Il est possible de retrouver le longiforme attaquant en pointe au Vicente Calderon la saison prochaine, mais même si sa Grinta en fait un bon joueur pour Simeone, ce dernier aura besoin d’un profil plus mobile, plus explosif. Si cet exercice nous laisse sur notre faim quant à cette belle équipe madrilène, il convient de rappeler que sa saison est plus qu’honorable. Faite de déceptions, évidemment, mais aussi et surtout d’un moment que nous abordions ci-dessus. Un moment qui pour certains publics peut valoir autant qu’un titre : dépouiller le rival historique. Le club aura cependant besoin de trouver un buteur à la fois jeune et prolifique, dans la lignée des joueurs révélés ces dernières années par le collectif rojiblanco. Torres faisant office de bon remplaçant, mais guère de terrifiant numéro 9, capable d’inspirer la crainte dans les défenses. Une époque désormais révolue pour « El Nino ». Simeone devra faire avec la capacité d’adaptation qu’est la sienne, le rafistolage dont il a su faire preuve ayant permis à son équipe de grappiller quelques points. Un mélange des deux dernières saisons assurerait un titre au moins à Diego Simeone. Entre grinta et astuce, entre technique et boucherie : l’équipe moderne par excellence.