Edito – AS Monaco : Changement de cap réussi
Du 1er Juin au 3 Juillet, Europafoot vous propose un condensé d’informations concernant les meilleures équipes des principaux championnats. Cette semaine, revenons sur la saison des 5 premiers de L1. Troisième volet ce mercredi avec l’AS Monaco. Quand changement ne veut pas forcément dire déroute.
La saison passée, le club de la principauté terminait dauphin de Ligue 1, au terme d’une saison convaincante leur ayant ouvert la porte de la Ligue des Champions. Cette saison, après un chambardement de tous les diables, l’équipe est parvenue à maintenir une certaine régularité dans ses résultats. Mais si le produit final ne diffère que d’une place en championnat, la méthode peut en laisser plus d’un pantois. Alors qu’en décembre 2011, le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev prend possession de plus de 65% des parts du club, c’est véritablement à l’été 2012 que l’équipe commence à se donner les moyens de ses ambitions. Un recrutement clinquant, concurrençant celui du puissant PSG, déjà sous l’égide de sa direction qatari. Falcao, James Rodriguez, les nouveaux arrivants sont soit des stars cotées, soit des joueurs d’expérience reconnus (Toulalan). Se glissent au milieu quelques anomalies, contrastant avec la volonté de suprématie monégasque. Interrogez par exemple les italiens sur le cas Raggi : peu auraient pu imaginer un tel parcours de la part du défenseur central. Sous la tutelle de Ranieri, son sérieux lui a permis de jouer. Une fois l’entraîneur italien évincé, l’été dernier, le central a dû ajouter « propreté » à son vocabulaire de jeu, lui conférant une crédibilité indiscutable sur les terrains de Ligue 1.
La transition entre 2013/2014 et 2014/2015 semble désormais réussie, mais cela n’était pas gagné d’avance. Si les rentrées d’argent engendrées par la vente de James au Real Madrid pour circa 80M€ ont stabilisé le club, le changement drastique de méthode aurait pu ruiner le travail mis en place précédemment. Leandro Jardim, successeur de Claudio Ranieri, a composé avec un effectif largement inférieur à celui de son prédécesseur italien. Falcao parti tenter sa chance à Manchester, du côté d’Old Trafford, les clefs de l’attaque revenaient à un duo d’avant-centres atypiques. Le premier, Berbatov, qui faisait ses adieux hier à la formation monégasque, a toujours été une anomalie footballistique dans le paysage moderne. Un authentique talent, un style à part entière : c’est un joueur historique qui aura marqué de son empreinte la dernière saison monégasque. L’autre attaquant de cette équipe, le prometteur Anthony Martial, s’est fendu d’une performance mémorable pour son premier exercice complet : 9 buts et 4 passes décisives. Des ratés, et une certaine maladresse, mais Jardim semble avoir l’étoffe de l’entraîneur émancipateur.
Ce que recherchaient les dirigeants monégasques, dans leur volonté de rajeunissement, il se pourrait qu’ils l’aient trouvé. Souvenons nous, ce qui ses dernières décennies a fait la force de l’AS Monaco, c’est cette capacité à former, à recruter, et souvent même à tirer le meilleur de ses jeunes talents, ce pendant une durée plus longue que la plupart des autres équipes. Martial possède un bel environnement en vue d’une croissance progressive, relaxée, et d’autres joueurs dans l’effectif semblent confirmer cette tendance. Bernardo Silva auteur de 10 buts et 2 passes décisives, Layvin Kurzawa qui monte en puissance et qui a connu sa première sélection en bleu malgré une saison pas toujours facile. Fabinho, Kondogbia… Autant de noms qui peuvent se targuer d’être encadrés par des joueurs d’expérience tels que Toulalan, Raggi, Moutinho, ou encore le précédemment cité Berbatov. Le facteur déterminant au sein de cette formation, c’est qu’à défaut du clinquant, on fait dans la véritable qualité. La saison du jeune Carrasco, ailier belge de 21 ans, en atteste également. Il semblerait, que l’on soit jeune ou plus ancien, qu’on se sente incontestablement concerné par le projet du côté des joueurs monégasques. Un professionnalisme exacerbé qui aura par ailleurs coûté une part de concentration.
Explications : alors que l’AS Monaco est englué au milieu du classement, Jardim prévient, dans la presse, qu’il n’est pas satisfait du traitement réservé à son équipe d’un point de vue arbitral. Erreurs, malentendus, jusqu’au jour où le coach portugais craque, et annonce publiquement que ses joueurs, eux-aussi, devraient être considérés comme les professionnels qu’ils sont. Dans un souci d’impartialité, il est souvent difficile d’accéder à la requête de celui qui se plaint. Le problème de ce coup de gueule, donc, c’est qu’il est légitime. Car les images donnent raison à Leonardo Jardim. Une véritable nébuleuse entoure le club de la principauté. Le club semble avoir été lésé, peut-être à cause des problèmes fiscaux que soulevaient certains dirigeants du football français : l’ASM n’étant pas soumis au même régime fiscal que les autres formations de Ligue 1. Dans un second temps, toutefois, l’équipe a pu compter sur un arbitrage raisonnable, les critiques et les reproches s’estompant. Le problème resurgit cependant au début du mois d’Avril. Ayant demandé le report d’un match contre Montpellier, pour cause d’enchaînement périlleux en Ligue des Champions contre la Juventus, le club voit sa demande simplement ignorée. Aucune assemblée ne se réunira, et personne ne considérera le problème monégasque. Résultat : une très courte légère défaite contre la Vieille Dame, et des regrets à la pelle. Car si Monaco ne semblait pas pouvoir gagner cette compétition, la Juventus non plus. Galvanisés, les Italiens parviendront même, à la surprise générale, à se défaire d’un Real Madrid archi-favori et tenant du titre.
Quelques dates dans la saison de l’ASM :
– 10 / 08 / 2014 : Monaco s’incline à domicile face au FC Lorient et débute son championnat par une défaite. La semaine suivante, c’est une humiliation à l’extérieur face aux Bordelais de Willy Sagnol (4-1) qui attend les monégasques. Qui a parlé de début de saison poussif ?
– 16 / 09 / 2014 : les Monégasques commencent leur série de hold-up en Ligue des Champions et s’imposent 1-0 face au Bayer Leverkusen, que l’on annonçait favori. Une dynamique positive se met en place en Europe pour les joueurs de Jardim, spécialistes du 1-0 en phase de groupe.
– 14 / 12 / 2014 : le club de la principauté bat Marseille 1-0 dans ce qui semble être le véritable revirement de ce championnat : l’ASM remonte, et les marseillais commencent, petit à petit, à lever le pied. Ironie du sort, les monégasques termineront à la troisième place, juste devant… l’Olympique de Marseille.
– 25 / 02 / 2015 : l’équipe inflige une sévère déconvenue à Arsenal 3-1 sur leur terrain de l’Emirates en LdC. A cet instant, on est certes incrédules. Un peu. Mais dans le fond, on sait que l’ASM va se qualifier. Et l’ASM se qualifia. Défaite 2-0 au retour, oui, mais qu’importe. Le PSG élimine Chelsea, Monaco Arsenal. Le football français ne peut pas se targuer d’une telle performance tous les jours.
En définitive, il est plus que normal de complimenter la saison de ce collectif, que l’on n’attendait guère à ce niveau. Les carences individuelles et les coups de mou restent tout de même fréquents dans cet effectif, qui devra veiller à tenir ses matchs avec hargne, et parfois à se dépasser. Chose que les Monégasques n’ont pas toujours faite. La double confrontation face à la Juventus peut laisser quelques regrets. Comme nous le disions, cette formation n’aspirait pas à la victoire finale, mais on conserve l’impression qu’avec un peu plus de rage de vaincre, la donne aurait pu être différente. Contrairement au PSG ou à l’OL, dont nous parlions ces derniers jours, l’équipe coachée par Leonardo Jardim aura besoin d’un mercato approprié. Un attaquant prolifique sera requis, et un profil créateur pourrait se révéler essentiel. Bien qu’en bout de course, le départ d’un joueur comme Berbatov ne sera pas sans conséquences, et le recrutement devra impérativement palier à ce départ. Berbatov est un de ces joueurs atypiques pouvant couvrir plusieurs registres, allant de la création à la finition, en passant par le geste élégant qui projette son équipe dans le sens du but. Un petit chantier, mais un chantier tout de même, sous peine de faire bonne figure sans briller réellement. Le parcours européens des monégasques est plus que respectable, il est étonnant. Un parcours de grand d’Europe qu’il convient de souligner, avec les inconvénients qu’il présente : on attend des monégasques qu’ils soient déterminés à faire (au moins) aussi bien dans cette compétition la saison prochaine. La rançon du succès.
superbe article
il me semble que james rodriguez avec les bonus ça fait 98 millions