La Croatie mal récompensée pour ses efforts
Le Brésil et la Croatie se sont, au soir de ce match d’ouverture de la Coupe du Monde, séparés sur un score de 3 buts à 1. Un score sans équivoque, qui pourrait laisser penser que le Brésil a dominé cette rencontre. Pourtant, la Seleção a été poussive, voire décevante face à des Croates impressionnants de volonté. Le score n’en est que plus dur à digérer pour ces derniers.
À l’Arena encore en construction de São Paulo, beaucoup voyaient un avantage évident en le public très nombreux venu soutenir les coéquipiers de Neymar. Certes, on concevait bien qu’une pression bien compréhensible puisse peser sur les épaules des locaux. Mais qui aurait pu imaginer que l’équipe dirigée par Luiz Felipe Scolari soit si fébrile et éprouve tant de mal à rentrer pour de bon dans la partie ? Le but contre son camp de Marcelo à la 11ème minute de jeu n’est que le symptôme de ce début de match raté, où les Croates, beaucoup plus entreprenants et tenaces, profitaient des errements de la défense brésilienne. Heureusement pour le peuple brésilien, ses représentants surent redresser la barre par la suite en convertissant enfin leur possession de balle en un siège quasiment ininterrompu des buts de Pletikosa. En égalisant peu avant la demi-heure de jeu, Neymar en profita pour rappeler à qui l’avait oublié qu’il était bien le taulier de cette équipe.
Un peu trop même, car même si les Brésiliens étaient menaçants, ils avaient tout de même des difficultés à se présenter devant le but, comme en témoigne le non-match de Fred, qui ne se fit remarquer que par une vilaine simulation à l’origine du deuxième but des hôtes. Surtout, ceux-ci restaient très vulnérables aux contre-attaques efficaces et rapides des Croates, qui se servaient de leur aisance technique pour vite progresser sur le terrain, à l’image de Modric, bien sûr, mais aussi d’Olic et de Rakitic, tous deux auteurs d’un très bon match plein d’envie sur les ailes. Cependant, et à l’inverse de l’attaque croate, l’arrière-garde était beaucoup moins convaincante. Elle était souvent débordée ou trop laxiste, ce qui donnait aux Brésiliens l’occasion de s’exprimer, malgré le pressing des attaquants.
Après la pause, alors que le match avait été assez animé dans les 45 premières minutes, le match perdit en intensité et surtout en qualité de jeu. Les passes manquées se multiplièrent, et le jeu resta au milieu de terrain, sans qu’aucune des deux équipes n’arrive réellement à se procurer une occasion franche. Puis arriva ce fameux pénalty, qui marque déjà un temps dans cette Coupe du Monde. Car oui, malheureusement, l’arbitre japonais de cette rencontre, M. Nishimura, fit une erreur sur la faute sifflée dans la surface menant au doublé sur pénalty de Neymar, à la 71ème minute. Il fut piégé par Fred, qui, encore une fois, n’aura jamais été bien plus utile que sur cette action. En revanche, Neymar géra ensuite très bien une pression énorme pour convertir le pénalty en un premier pas vers la victoire. Mais il fallut également que Pletikosa manque de fermeté sur sa parade pour que le Brésil prenne l’avantage. Comme si tout avait été fait pour que les Croates aient des regrets et passent une mauvaise soirée.
En effet, par la suite, le comportement des Croates fut exemplaire, repartant tout de suite vers l’avant, malgré ce cruel scénario. Ils marquèrent même peu après, à la 83ème minute, mais ce but fut refusé dans des conditions à nouveau très litigieuses, la faute semblant davantage du côté d’un Júlio César vieillissant que d’Olic, qui jouait le ballon. À croire que les Croates étaient maudits. Et pourtant, toujours pas entamés, ni physiquement, ni moralement, ils continuaient à se battre, toujours aussi engagés. La défense brésilienne, où le PSG était bien représenté, semblait attendre la fin de la rencontre et subissait les attaques répétées des fougueux joueurs croates.
Finalement, pour sceller le sort de la rencontre, Oscar inscrivit un but d’une frappe magnifique, du pointu, au ras du poteau de Pletikosa, impuissant sur ce coup. Ce but, mené en contre dans les arrêts de jeu par le Brésil, était un bel exploit individuel, mais il corsait encore un peu plus une addition déjà très amère pour la Croatie. Il montrait aussi que le Brésil repose davantage sur ses grands joueurs que son collectif. Ainsi, de son côté, il se tire très bien de son premier match, d’autant plus que sa prestation n’était pas à la hauteur de ce que l’on attendait de lui. Cela sera-t-il suffisant contre le Mexique, mardi prochain ?