Manchester City a-t-il déjà abandonné le titre ?
Avec 63 points en 27 journées et un match en retard chez la lanterne rouge Leicester, le leader Chelsea possède une avance confortable de 5 points sur son dauphin Manchester City. Aux yeux de beaucoup, les Citizens sont désormais hors de course pour décrocher un deuxième titre consécutif.
Un mois de janvier catastrophique pour City, une nouvelle défaite à Liverpool (2-1) début mars, un Chelsea qui saisit les occasions de prendre son envol en tête du championnat. Ou comment détruire en 3 mois quasi-tout espoir de nouveau sacre. Après un départ canon du club londonien, le champion en titre avait pourtant petit à petit refait son retard, revenant même à égalité de points (46), le jour de l’an, grâce à la défaite 5-3 des Blues à Tottenham. Mais voilà, depuis, les Citizens ont 12 points sur 24 possibles, contre 17 sur 21 possibles pour Chelsea. L’écart est de plus en plus conséquent. Voilà pourquoi refaire surface dans la course au titre semble peine perdue pour les Skyblues.
Stamford Bridge : une usine à points
C’est indéniable : Chelsea à domicile est une machine de guerre. Les Blues font partie du cercle très fermé des équipes encore invaincues à domicile en championnat en Europe, avec Paris, le Bayern, Wolfsburg, la Juve, l’AS Roma, Séville, et la Sampdoria. 11 victoires et 2 nuls, soit 84% de victoires, contre 64% à Manchester. Trop peu. Et vu le calendrier pour la fin de saison, avec les seuls réceptions importantes de Manchester United (18 avril) et Liverpool (9 mai), ça ne devrait pas changer.
L’ambiance dans les deux stades est un critère important pour expliquer cette différence. Si le public londonien n’est pas réputé pour être l’un des plus chauds d’Europe, le public de l’Etihad est décrit comme soporifique, tant le soutien affiché par les supporters dans les moments forts d’un match comme dans les temps faibles est ridicule. Pour être un grand champion, il faut avant tout faire de son stade une forteresse imprenable, où la défaite est la seule option pour l’adversaire, et pour l’instant, City en est à des années lumières.
La défense n’est pas 100% fiable
On le sait, un champion doit avant tout pouvoir se baser sur une défense de fer. Alors, bien sûr, sur le papier, une défense Kompany – Mangala ferait rêver bon nombre de clubs en Europe. Bien sûr, 27 buts encaissés, ce n’est pas si mal. Mais certaines statistiques restent inquiétantes : City a encaissé au moins un but lors de 9 de ses 11 derniers matchs, ce qui porte le total de clean-sheets à seulement 9, contre 13 pour Chelsea. De plus, la charnière centrale n’est pas souvent la même, et trois défenseurs se partagent le poste : Vincent Kompany, avec uniquement 19 apparitions en 28 matchs, Mangala, 17 apparitions, et Demichelis, 22 apparitions. Pas rassurant pour une équipe de ce standing. La baisse de régime de Kompany cette saison, pas aidé par les blessures et les suspensions, peut expliquer en partie les maux défensifs de Manchester City.
Les latéraux de City ne se montrent pas non plus à leur avantage. Même si ils évoluent à un assez bon niveau, Gaël Clichy, Pablo Zabaleta et Alexander Kolarov, ne sont pas des noms qui terrorisent les équipes adverses. Lors de la défaite face à Barcelone (1-2) le 24 février, les deux titulaires (Clichy et Zabaleta) ont pris l’eau tout le match devant les combinaisons rapides du Barça. Le premier s’est même fait expulser dans le dernier quart d’heure. Le recrutement des Citizens, très offensif mais parfois douteux, aurait intérêt à se concentrer sur le secteur défensif, clairement pas au niveau.
Le duo Silva – Aguero est trop seul devant
Sergio Agüero est à Manchester City ce que Leo Messi est au Barça : indispensable. Depuis son arrivée au club, il régale les supporters et ravit ses dirigeants tant ses performances sont abouties et ses buts fréquents. Une nouvelle fois, il est l’homme à tout faire de City cette saison. Avec 17 buts, il est le co-meilleur buteur du championnat avec Diego Costa, mais Agüero, pas épargné par les blessures, a disputé moins de matchs. Derrière lui, David Silva réalise également une belle saison, avec 10 buts et 6 passes décisives. Le duo est, à lui seul, impliqué dans 63% des buts du club cette saison ! De quoi régaler les supporters.
Malheureusement pour City, derrière, ça ne suit pas : des joueurs talentueux recrutés à prix fort comme Dzeko (4 buts en 18 matchs), Jesus Navas et autres Milner (3 buts en 24 matchs), n’ont clairement pas le rendement espéré. Wilfried Bony, arrivé cet hiver en provenance de Swansea, n’a quant à lui toujours pas marqué. Les années passent et Manchester City empile les attaquants, mais peu d’entre eux apportent satisfaction aux dirigeants. Rappelons quand même qu’avec sa très probable élimination en Ligue des Champions, la semaine prochaine face à Barcelone, le club va se retrouver avec 4 buteurs pour la fin de saison (en incluant Stevan Jovetic), où il ne disputera que la Premier League. Un casse-tête à venir pour Manuel Pellegrini.
Tout porte donc à croire que Chelsea sera sacré champion en mai prochain. Ce serait une première depuis 2010. On aimerait rêver d’un finish incroyable du club mancunien, d’un championnat complètement relancé, d’une bataille pour le titre jusqu’à la dernière journée, mais compte tenu de sa défaite à Liverpool le 1er mars dernier, Manchester City a presque tué tout suspense. Les jeux sont faits en Premier League.