CdM 2014 : Le Honduras, un danger pour la France ?
D’ici quelques heures la France entre enfin dans la Coupe du Monde 2014, face à un adversaire qui semble à sa portée, le Honduras. Seulement, il y a quelques éléments qui permettent de se méfier de cette ouverture « facile ».
La France dispose d’un statut de grande nation du football, notamment depuis sa Coupe du Monde 1998, et la Coupe d’Europe 2000, alors que le Honduras est encore un inconnu à l’échelle mondiale. Et c’est peut-être là le grand danger qu’amène ce pays de 4,5 millions d’habitants (l’équivalent de la seule région parisienne), qui enchaîne pour la première fois de son histoire deux phases finales en Mondial. En effet, comme l’avait souligné le sélectionneur des Catrachos, Luis Fernando Suarez, « tout le monde peut voir et connaît le jeu de l’Equipe de France » puisque celle-ci est connue mondialement et comporte plusieurs stars. Et pendant que chacun des joueurs des blancs et bleus sauront exactement à quoi s’en tenir lorsqu’un joueur de l’équipe de France sera en face de lui, la réciproque est loin d’être vraie. Difficile de dire quelles sont vraiment les qualités de l’équipe alignée ce soir en face des Bleus. On parle bien d’une « équipe physique, qui met pas mal de coups » mais les joueurs du Honduras s’en défendent, le sélectionneur les décrivant comme « agressifs, mais joueurs avant tout ». On sait bien que leur attaquant, Jerry Palacios, est grand, mais on ne sait pas vraiment qui, par exemple, est rapide ou non. Nul doute que les Catrachos savent que Loïc Rémy risque de tenter de passer en vitesse, pendant que Olivier Giroud a plus un rôle de pivot. Il faudrait donc être méfiant, et on pourrait voir un round d’observation au début du match, histoire de jauger l’adversaire tout en évitant les mauvaises surprises. A moins bien sûr que la confiance engrangée dans les matchs de préparation lance l’équipe de Dider Deschamps à tenter de rouler sur leurs adversaires afin d’envoyer un message fort dès le premier match. Attention tout de même au pêché d’orgueil.
« Si on ne peut pas battre le Honduras sans Ribéry, il faut arrêter de jouer au foot »
Voilà les mots d’Arsène Wenger, qui ont certes un sens, vu le rang supposé des deux équipes ce soir, pourtant, il est difficile de ne pas avoir un peu peur devant cette assurance. Les dernières fois que la France a été favorite dans des matchs la déception a été au rendez-vous. Par exemple, en 2002, lors de son match d’ouverture face au Sénégal où les Bleus sont alors champions en titre, un premier match facile donc. Pourtant, c’est bien le Sénégal qui s’impose, et la France qui finit dernière de sa poule. Plus récemment, avec quasiment le même effectif que ce soir, le barrage face à l’Ukraine était pour beaucoup le tirage « facile », un mot peut-être trop employé. Car si on se souvient aujourd’hui du 3-0 fantastique au Stade de France, il ne faut pas oublier la douloureuse déconvenue à l’aller, 2-0. Alors oui, les Bleus ont l’effectif pour aller loin, mais tout match est compliqué durant un mondial, jusqu’à ce qu’on montre la qualité et la concentration de se le rendre simple. Demandez aux uruguayens ce qu’ils pensent d’un début « facile ». Enfin, il ne faut pas sous-estimer à quel point une équipe peut être booster par l’envie, et ça les joueurs du Honduras ne devrait pas en manquer.
Les honduriens, pas si « Misérables »
Déjà, il faut bien comprendre que pendant que la Coupe du Monde est un rêve pour les joueurs français, c’est finalement quelque chose d’accessible, puisque l’on attend de l’équipe de France d’être présente à chaque fois (bien que cela reste très difficile d’être sélectionné évidemment). Pour le Honduras, la concurrence est peut-être un peu moins rude pour accéder à l’équipe nationale, mais la phase de poule du Mondial n’est possible qu’à la fin d’un grand combat. C’est d’ailleurs à la surprise générale que le Mexique a perdu contre les Catrachos, devant donc aller en barrage pendant que le Honduras se qualifiait pour le Mondial, une très belle performance déjà (notamment quand on connaît le niveau du Mexique). On peut donc attendre des joueurs présents sur le terrain de tout donner pour leur nation, une motivation extrême qui a déjà fait des exploits en Coupe de France ou FA Cup par exemple, où il n’est pas rare de voir des « petits poucets » faire tomber des gros trop confiants et peu informés. Enfin, le documentaire « Les Misérables du Honduras » de Canal+ a vexé toute la nation, qui ne croît pas tant que ça en la référence à Victor Hugo, qui compte bien montrer ce soir qu’ils sont « bien plus que des misérables ». Alors oui, la France est favorite, mais il faudra mettre autant d’envie et d’implication que l’adversaire pour que l’avantage technique des Bleus s’expriment vraiment, sinon la soirée pourrait être bien longue.