Argentine : Le réveil de Messi
Lundi nuit, l’Argentine a remporté son premier match dans cette Coupe du Monde par 2 buts à 1 contre la Bosnie-Herzégovine. Loin d’être une formalité, cette rencontre a mis au jour l’importance de Lionel Messi dans le dispositif de jeu argentin. Et heureusement, comme en témoigne le score, le joueur du Barça a été au rendez-vous. Enfin.
Sur le papier, l’Argentine partait largement favorite dans ce premier rendez-vous au Maracanã. Mais voilà, il fallait tout de même que les Argentins assurent un niveau de jeu raisonnable pour battre la Bosnie, dont Edin Dzeko est le fer de lance à la pointe de l’attaque. Or, il fallut attendre assez longtemps pour que cela soit le cas. En effet, on pourrait croire, au vu de l’évolution du score, que l’Argentine s’est tout de suite mise à l’abri. Mais n’oublions pas que l’ouverture du score, après seulement trois minutes de jeu, est un but contre son camp malheureux de Kolasinac. En-dehors de cela, l’Albiceleste ne se montra guère dangereuse, se heurtant à la défense compacte des Bosniaques. Pire, ceux-ci arrivaient à lancer des contres qui pouvaient faire trembler les fans argentins. À l’image de cette première mi-temps mitigée, malgré l’avance au score, Lionel Messi manquait toutes ses passes vers l’avant, ce qui l’incita finalement à jouer le plus souvent en arrière, au lieu de servir Agüero ou de lancer Maxi Rodríguez.
Encore une fois, c’était le fantôme du Messi barcelonais qui jouait pour l’Argentine. Inutile de rappeler que les performances du petit prodige sont bien moins convaincantes lorsqu’il porte le maillot de son pays. Évidemment, un ratio de 37 buts marqués en 85 matchs est excellent pour tout bon attaquant. Mais Messi est hors normes, et alors qu’il atteint une moyenne de 0,44 but/match en équipe nationale, sa moyenne de buts avec le FC Barcelone, 0,83 but/match, approche du double. Comparativement, Messi sous-performe donc avec l’Argentine, et ce n’est pas nouveau.
Une crispation disparue
Et c’est pourquoi son réveil dans la seconde période du match de cette nuit est d’autant plus remarquable. Après encore quelques difficultés en début de deuxième mi-temps, le tournant arriva à la 65ème minute, lorsque Messi, à la suite d’un superbe une-deux avec Higuaín, entré à la pause, slaloma furtivement entre deux défenseurs bosniaques pour repiquer vers le centre du terrain et envoyer le ballon sur le poteau et au fond des filets, au grand dam de Begovic. Ce but est vraiment le modèle typique du but messiesque à Barcelone. Ce n’est pas négligeable car on ne le voyait pas être mis en application avec l’Argentine. De plus, la célébration du but, véritable explosion de joie, révèle les difficultés de Messi avec l’Argentine, dont lui même était conscient. Par la suite, d’ailleurs, la crispation de Messi disparut et Messi, enfin retrouvé, put commencer son récital si bien connu au Camp Nou. Même si la Bosnie réduisit le score à la fin de la rencontre et amena à nouveau le doute dans les têtes argentines, Messi était réveillé et distillait des caviars à ses coéquipiers, quand lui-même n’entrait pas dans la surface. Le troisième but argentin passa très proche.
Maintenant, la question est de savoir si cette prestation de Messi, élu homme du match, était un simple sursaut ou un véritable réveil ? En tous cas, l’Argentine, dont la dépendance à Messi a été révélée par l’apathie de la première période, doit espérer que celui-ci continue sur sa lancée. C’est le prix à payer pour faire d’un potentiel cauchemar un rêve doré…
